Une saison de plantation perturbée
Comme à leur habitude, les averses sont bien présentes pendant cette saison de plantation. Et lorsque ce n’est pas la pluie, c’est le gel qui s’installe.
Résultat ? Les chantiers de plantation ont été retardés, voir totalement reportés à l’année d’après en espérant vivre un automne plus clément. Malgré tout, nous essayons de vous donner quelques solutions pour planter dans de telles conditions.
Des hivers très humides et des printemps très secs
D’après ces graphiques, la moyenne automnale de l’année 2023 est largement supérieure aux précipitations moyennes entre 1991 et 2020, qui a atteint 283,7mm à la fin de la saison.
Forts d’une analyse plus profonde, nous remarquons que la moyenne des périodes d’insolation de l’automne 2023 est supérieure à la moyenne entre 1991 et 2020. Parallèlement, la moyenne des jours de précipitation est légèrement plus importante en 2023.
Avec des précipitations en moyenne plus importantes, cela traduit des périodes de précipitation plus intenses et sporadiques en 2023. Fatalement, ce n’est pas bon du tout pour les plantations. En effet, en Wallonie, il y a une variété de sols avec des profils bien différents. Certains sols sont bien drainants alors que d’autres ne le sont pas du tout.
En Ardenne, une région avec des sols particulièrement argileux et soumise à des précipitations généralement importantes, le jeune plant ne s’en sortira pas de la même manière qu’à Gembloux dans une terre limoneuse à drainage naturellement favorable.
Mais malgré tout, cette année, les précipitations étaient telles que les moments de plantation étaient décalés au risque de voir les jeunes plants avoir les pieds baignant dans l’eau. Et quand les terres n’étaient pas humides, les gelées étaient tellement intenses, que les plantations ne pouvaient pas suivre leur cours.
Selon les experts du GIEC, les précipitations en hiver risquent d’augmenter avec un renforcement de la saisonnalité des précipitations entre l’hiver et l’été. D’ici 2100, il devrait y avoir une diminution des précipitations jusqu’à -25% et une augmentation de +22% en hiver (GIEC, 2013).
Alors que faire ? Devons-nous arrêter tout projet de plantation ? Ce serait bien dommage quand on sait que les végétaux jouent un rôle précieux dans l’atténuation de ces problématiques environnementales.
Action / Réaction
Une solution, qui peut sembler évidente, est d’être proche du terrain et suffisamment flexible et résilient pour avoir la capacité de planter quand une fenêtre de tir se présente. Pour cela, il faut régulièrement consulter la météo, et nous vous conseillons de réserver vos plants longtemps à l’avance dans votre pépinière pour qu’au moment venu, vos plants soient disponibles.
En motte ou en racine nue ?
Une autre solution, certes plus onéreuse, est de commander des plants en motte qui peuvent être plantés sur une plus longue période profitant ainsi d’un climat plus favorable à la bonne installation des futurs plants.
A chaque situation, son outil
Une troisième solution concernant la technique de plantation, nous suggérons de privilégier la houe-hache à la tarière quand c’est possible. L’effet mécanique engendré par la tarière sur de la terre humide éparpillera la terre sous forme de grosses mottes alors que la houe-hache ne déstructurera pas l’horizon surfacique du sol.
Un jour, mon plant viendra…
Ne dit-on pas patience est mère de sûreté ?
L’ultime solution pourrait être de reporter le projet de plantation à l’année prochaine en espérant une saison plus favorable.
En conclusion, ce que nous constatons, c’est que les hivers sont de plus en plus doux. Cela nous invite à planter de plus en plus tard. L’adage « à la Sainte-Catherine, tout bois prend racine » devient bancale pour ainsi dire. Cela contribue à réduire la fenêtre de tir.
Sources
https://www.meteobelgique.be/article/releves-et-analyses/annee-2023/2532-bilan-de-l-automne-2023
GIEC, 2013: Résumé à l’intention des décideurs, Changements climatiques 2013: Les éléments scientifiques. Contribution du Groupe de travail I au cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [sous la direction de Stocker, T.F., D. Qin, G.-K. Plattner, M. Tignor, S. K. Allen, J. Boschung, A. Nauels, Y. Xia, V. Bex et P.M. Midgley]. Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni et New York (État de New York), États-Unis d’Amérique.
Lenssen, N., G. Schmidt, J. Hansen, M. Menne, A. Persin, R. Ruedy, and D. Zyss, 2019: Improvements in the GISTEMP uncertainty model. J. Geophys. Res. Atmos., 124, no. 12, 6307-6326, doi:10.1029/2018JD029522.