Ce concept a été introduit par l’Office National des Forêts en France, pour caractériser la diversité de modes de gestion requises en forêt dans sa nécessaire adaptation au changement climatique.
Le cycle long de croissance de l’arbre doit aujourd’hui composer avec une cinétique de changement climatique sans commune mesure dans l’ère moderne, catalysée par les émissions de gaz à effet de serres d’origine humaine.
Elle se traduit en Belgique par une fréquence et une durée des épisodes de sécheresses estivales plus importantes, susceptibles d’amplifier des problèmes physiologiques ou sanitaires chez certaines essences. Citons les problèmes de dépérissement constatés dans nos forêts sur l’épicéa (scolytes) et le frêne (chalarose), pour ne citer que ceux-là.
Les services écosystémiques rendus par la forêt peuvent s’en retrouver menacés, qu’il s’agisse des fonctions de support de biodiversité, des fonctions régulatrices et épuratrices de l’eau, du rôle primordial de puit de carbone terrestre joué par la forêt, sans oublier ses fonctions économiques source de matériaux renouvelables.
Face à cet état et aux incertitudes qui y sont inhérentes, quelles stratégies et mode de gestions pour nos forêts ?
Un mot d’ordre : diversifier ! Et cette diversification nécessite une anticipation dans laquelle le rôle de l’Homme est primordial.
Un écosystème résilient aux mille facettes, à l’image d’une mosaïque. Pour assurer le maintien et développer les services rendus par les écosystèmes forestiers, il convient de diversifier les essences forestières ainsi que les modes de gestion. Le concept est posé.
Diversifier les modes de gestion
Cette illustration, proposée par l’Office National de Forêts, présente un panorama non exhaustif des modes de gestion qu’il est possible de faire coexister à l’échelle d’un territoire. Les zones laissées en « régénération » naturelle y côtoient des forêts plantées, exploitées en futaie irrégulière, régulière, … Des zones d’intérêts remarquables sont spécifiquement gérées pour la biodiversité. Des ilots de sénescence y sont créés pour que se développent les habitats et espèces associées au bois mort.
DIVERSIFIER LES ESSENCES FORESTIÈRES
Un arbre peut être implanté pour un terme d’exploitation de 80, 100, 200 ans… Il convient de s’assurer de l’adéquation entre l’essence et les conditions de sols et climatiques locales… ainsi que leur évolution probable.
D’une part, une première stratégie consiste à diversifier le nombre d’essences adaptées à l’échelle d’une parcelle forestière, pour en augmenter le niveau de résilience. D’autre part, une deuxième stratégie consiste à recourir à de nouvelles essences, initialement non rencontrées sous nos latitudes.
Certaines essences indigènes sont aujourd’hui « en peine » sur des stations qui leur étaient propices. Le hêtre, l’une des essences feuillues reine de notre forêt, voit son accroissement diminuer depuis plusieurs dizaines d’année, comme c’est le cas en Forêt de Soignes. Le frêne, comme l’orme avant lui, fait face à des problèmes sanitaires d’ampleur. Par ailleurs, la migration naturelle des essences est nettement moins rapide que l’évolution du climat.
Pour s’assurer d’un maintien à moyen et long terme des fonctions de la forêt, de nouvelles ressources génétiques peuvent être introduites. Qu’il s’agisse de nouvelles essences (chênes pubescents ou chevelus, hêtres d’Orient, Pin de Corse, Cèdre de l’Atlas, noisetier de Byzance…), ou d’individus d’essences indigènes prélevés dans des zones plus méridionales (hêtres communs originaires du Sud de l’Europe,…). On parle de « migration assistée des essences ».
Introduire une essence non-indigène ne doit pas être un travail d’apprenti-sorcier. Il requiert une approche scientifique structurée de long-terme, telle celle mise en œuvre par la Société Royale Forestière de Belgique avec son programme « Arboretum » (article à paraître).
Les projets soutenus par PlantC intègrent cette nécessité de diversification. A vos côtés, nous sommes fiers de contribuer à la forêt mosaïque de demain.