Oubliez les généralités avec les oiseaux !
Les Oiseaux ont développé des comportements spécifiques et complexes ! Il est donc aisé de s’y perdre ! Et c’est tant mieux !
L’Homme a cette propension à tout vouloir ranger, catégoriser, classer. Cela peut être contraire à la notion même de la biodiversité. Elle est le résultat d’une multitude de connexions entre une espèce vivante et son écosystème. Différents facteurs entrent en jeu : physiques, chimiques, climatiques, etc. Mais aussi biologiques (saisonnalité des ressources en nourriture, refuges, les liens interspécifiques ou entre individus d’une même espèce, etc.).
A l’inverse, il est important d’identifier des tendances et grands concepts afin de mieux comprendre notre environnement pour mieux le préserver ! Par cet article, nous souhaitons aborder le concept de migration. Et comme promis dans l’article précédent, de faire le lien avec le concept de la biodiversité et les aménagements générés par PlantC.
Au rythmes des signaux…
La migration est un déplacement périodique d’une espèce animale sur une grande distance. Un grand nombre d’oiseaux, de poissons ou d’autres animaux perçoivent des signaux de leur environnement leur permettant d’identifier le moment où il faut entreprendre la migration.
Ce comportement (comme la reproduction) obéit donc à des rythmes biologiques dont le cycle est plus long que le rythme circadien, soit un cycle annuel. On parle de rythmes circannuels. Ces derniers sont notamment régis par la disponibilité en nourriture mais aussi par la période de clarté/obscurité. Enfin, les différences génétiques peuvent aussi mener à des variations des comportements migratoires différents au sein d’une même espèce.
Les recherches scientifiques démontrent une capacité à s’orienter en fonction du soleil. Les animaux nocturnes se déplaceraient selon la position l’Etoile Polaire qui est constante durant la nuit. Enfin, le champ magnétique terrestre jouerait un rôle également.
Mais revenons à nos oiseaux… La migration est donc définie comme un déplacement périodique habituellement annuel, entre une aire de repos (ou dit d’hivernage) et une aire de reproduction, trajet de retour inclus (Figure 1).
Mais pourquoi ?
En hiver, la température chute. Or, les oiseaux sont des animaux homéothermes, c’est-à-dire que leur température corporelle est constante (approximativement 41°C). Pour maintenir une telle température, ils ont besoin de « carburant », donc de nourriture. En hiver, les ressources alimentaires sont moins abondantes (par ex., il y a moins d’insectes volants) et leur accessibilité est plus compliquée (gel, neige, etc.). Dès lors, le migrateur doit aussi anticiper cette pénurie et créer ses réserves de graisse avant de partir (que ce soit à l’aller, comme au retour).
Les Oiseaux ont développé différents comportements. Certaines espèces sont sédentaires. C’est-à-dire qu’elles occuperont la même zone tout au long de l’année et année après année. Ce sont par exemple, le moineau domestique, la gallinule poule d’eau, les chouettes/hiboux, la sitelle torchepot, les pics, la prie bavarde, la bergeronnette des ruisseaux, etc… Les espèces sédentaires peuvent avoir un régime alimentaire adapté, plus diversifié (granivore en période de disette, et insectivore en pleine saison (larve, chenille, etc.). C’est le cas notamment bien connu des Mésanges, du Bruant proyer, de la Perdrix grise, etc.
D’autres sont dits migrateurs. On les dit migrateurs partiels ou complets. Le migrateur complet est généralement un insectivore strict, comme les Hirondelles, le Martinet noir ou encore le Rougequeue à front blanc. Mais il existe des espèces d’oiseaux pour lesquels la migration n’est pas très claire. Ce sont des migrateurs dits partiels. Néanmoins, cela dépend du pays dans lequel vous faites l’observation ! En effet, il peut exister pour une même espèce d’oiseaux, des groupes d’individus (populations) montrant des comportements migratoires différents. Des populations de l’Europe du Nord par exemple seront des populations à migration totale pour un Norvégien. Mais des populations méditerranéennes seront pour les observateurs locaux des espèces sédentaires !
Prenons le Rougegorge familier. Vous pourriez croire que « votre Rougegorge » présent depuis l’été au jardin en Belgique ne vous quitte plus en hiver !? En fait, il est fort probable que l’individu que vous observez à l’hiver est un individu qui provient du Nord de l’Europe. « Le vôtre », qui vous a tenu compagnie cet été, est déjà parti dans le Sud !
Le maillage écologique et la migration
La diversification de milieux a toute son importance ! Oui à l’implantation de haies et d’arbres mais pas uniquement ! Il est primordial d’aménager des zones boisées, des lisières (réels écotones !) mais aussi de préserver des zones ouvertes (plaines agricoles) avec présence ou non de bâtis, des zones en jachères (bande herbeuse, bordures de champs) ou un jardin non tondu !
Les espaces bocagers sont généralement décrits comme procurant « gîtes et couverts » (Figure 2). Tantôt utile comme habitat pour certaines espèces, tantôt utile en ressources alimentaires pour d’autres. Saviez-vous que les baies des arbres/arbustes sont souvent de couleur rouge ? Or l’oiseau voit très bien dans les rouges. De plus, la présence d’espaces bocagers est importante notamment pour les espèces à migration rampante. C’est-à-dire pour les individus qui passent d’un « buisson » à un autre. Contrairement à d’autres espèces migratrices qui voleront très haut durant cette période.
Mais la diversification des habitats est de mise ! Les « imperfections » des maisons sont importantes pour donner des zones refuges aux oiseaux. Ex. : moineau en hiver. Enfin, les espaces plus herbeux seront prisés par des espèces qui apprécient rester au sol, ou avoir une vue dégagée sans arbres.
Bon à savoir aussi, les espèces d’oiseaux sont majoritairement diurnes mais effectuent la migration de nuit, à l’abri des prédateurs (et ils mangeront le jour).
Citons quelques exemples
Les haies basses sont appréciées des Perdrix grises, sédentaires mais dont les populations sont en net déclin dans notre pays. L’Alouette des champs fuient les bocages et les proximités des bois, ou éléments verticaux, réelles perches à prédateurs ! De plus, elles n’apprécient guerre la vue limitée. Il en est de même pour la bergeronnette printanière. Le Pie grièche écorcheur apprécie des haies libres, discontinues, majoritairement épineuses et proches de fauches tardives.
Le Bruant proyer est une espèce migratrice partielle à sédentaire. Espèce grégaire sur le territoire d’hivernage, à proximité des haies ou d’arbres mais durant la période de reproduction, les individus éviteront ces milieux pour préférer les zones ouvertes. Le Bruant jaune, migrateur partiel, apprécie aussi les milieux ouverts délimités par des haies/buissons. Le Verdier d’Europe ira se nourrir dans un milieu ouvert mais fera usage des haies pour nidifier. Aubépines et Sureaux seront importants pour lui pendant la mauvaises saisons (migration partielle). La Linotte mélodieuse et la Fauvette grisette apprécierons aussi les haies pour leur nidification.
En conclusion
Nous vous l’annoncions dès l’introduction de l’article : vive la complexité des éthologies et des milieux ! Le phénomène de migration des oiseaux vous intéresse ? Visitez le site BeBirds ! La migration n’aura plus aucun secret pour vous.
Dans nos prochains articles, nous nous efforcerons à illustrer les propos avec des cas concrets.
Sources :
- Reece, Urry and al., Biologie, Campbell. 9ème Ed. 1458 p.
- Svensson, Mullarnay & Zetterström. 2015. Le guide ornithon. Edition Delachaux, 446p.
- Michaël Leyman, Olivier Dugaillez, Damien Hubaut & Stéphane Claerebout. 2021. Introduction à l’ornithologie. Formation Guide-Nature. Ed. Cercles des Naturalistes de Belgique asbl.
- D. Hubaut. Sortie CNB-LDN 78 – Migration des oiseaux des campagnes et bocages à Rebecq, 06 octobre 2022.
- Bourdouxhe L., SPW-DGO3, Direction de la Chasse et de la Pêche. 2016. La faune des plaines agricoles. Mieux la connaitre pour la préserver. 2ème Ed.
- Hubeaux Damien. 2020. Mahaie.be. Association pour l’agroforesterie en Wallonie et Bruxelles.