Le verger haute-tige, la communion entre les humains et la nature

Contre bons soins, les vergers haute-tige de variétés anciennes offrent de multiples intérêts.

Les vergers haute-tige de variétés anciennes ne nécessitent aucun traitement. Particulièrement rustiques et vigoureuses, ces variétés sont tolérantes à un large spectre de maladies. Elles coexistent avec elles sans que la pérennité de l’arbre et sa production ne soient mis en jeu.

En Belgique, le Centre wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) a réalisé, depuis 30 ans, un formidable programme de conservation du patrimoine fruitier de chez nous. Ce programme permet aujourd’hui à un réseau de pépiniéristes de proposer un éventail de variétés de pommes, poires, prunes et cerises. Avec à la clé, un réel succès, tant l’offre a du mal à suivre la demande. Goutez une « Reinette étoilée », une « Gueule de Mouton », une « Président Roulin » et on vous l’assure, vous oublierez bien vite les plus communes Pink Lady, Jonagold ou Golden !

Le verger haute-tige, un écosystème productif

Planter un verger, c’est rajouter un étage à l’herbage. La production d’herbe est faiblement impactée, surtout dans une perspective d’épisodes secs de plus en plus fréquents. Cela permet de maintenir la présence du bétail, qui profite de l’ombre des arbres. L’ombre améliore le bien-être des animaux, qui produisent mieux. Et la qualité, c’est le consommateur qui en profite ! Du blabla ? Non de la Science. Plusieurs études en attestent.

Un verger haute tige est un havre pour la biodiversité. Il offre une structure d’habitat précieuse pour de nombreuses espèces d’oiseaux : sitelles, mésanges, pics, chouettes et autres rapaces. Les fruits, qui ne sont jamais à 100 % récoltés, profitent à bon nombre d’entre eux, tandis que les arbres âgés offrent de nombreuses opportunités de nidification. Dans les jeunes vergers, il est possible de rajouter des nichoirs pour attirer précocement les couples nicheurs. C’est d’ailleurs ce que fait Vincent sur son exploitation !

L’écosystème verger héberge une grande diversité d’insectes, à différents niveaux : herbe, écorce, fruits. Les pollinisateurs jouent un rôle capital : sans eux, pas de fruits !

Vous pouvez vous rendre compte des milles vertus du verger haute-tige pour la biodiversité en regardant le documentaire « Le verger, carrousel de la vie».

L’arbre stocke du carbone dans le bois, le système racinaire, et la chute des feuilles contribue à augmenter la teneur en matière organique dans les sols pâturés, tout en lui restituant des nutriments prélevés en profondeur.

Des vergers, une filière de valorisation

Et puis, il y a la grande diversité de produits qui sont issus du verger. Du fruit, aux jus, cidres, eaux-de-vies, en passant par les compotes, confitures. On assiste depuis plusieurs années, à l’émergence de projets économiques porteurs de sens qui mettent en valeur les fruits de vergers haute-tige sans traitements : un prochain article à suivre dans le Mag’ !

L’implantation et la conduite d’un verger nécessite de l’expertise, et de la patience !

Un projet de verger haute-tige doit se réfléchir bien en amont, pour s’assurer de l’adéquation entre les variétés et la zone climatique, le type de sol. Les périodes de floraison doivent concorder, car la plupart des variétés doivent faire l’objet d’une pollinisation croisée. Le projet de valorisation a aussi toute son importance : favorisera-t-on une fructification plus ou moins étalée ? Quel type de produits envisagera-t-on principalement ? Fruits de bouche, fruits transformés, compotes, confitures, jus, cidres, eaux de vie,… ? Quel sera donc la durée de conservation requise pour le fruit ?

Avant la plantation, il aura fallu en moyenne 5 ans pour produire un arbre de qualité. C’est là que s’exprime tout le savoir-faire de l’artisan greffeur et du pépiniériste !

Une vigilance particulière doit être apportée au type de protection de l’arbre : cage racinaire pour protéger l’arbre en cas de forte présence de campagnols, protections aériennes adaptée aux animaux d’élevage, voire le gibier, qui côtoient le verger. Ces protections sont l’un des principaux postes de coût de l’investissement.

Un verger haute-tige doit être pâturé, plutôt que fauché. En effet, ce mode de gestion permet de limiter la concurrence entre l’herbe et l’arbre pour l’eau et les nutriments. De plus, le piétinement régulier des animaux limitera la prolifération des galeries de campagnols, qui sont friands des racines d’arbres fruitiers.

Viennent ensuite les tailles régulières, de formation et d’entretien des arbres.

Chaque année, le temps d’entretien est finalement très limité, mais absolument essentiel.

C’est au prix de tous ces efforts que les premières récoltes significatives interviendront 6 à 8 ans après plantation ! L’arbre fruitier pourra, contre bons soins, dépasser le siècle de production.

Entre le début de cycle de greffage de l’arbre et la mise à fruit, il s’écoulera donc 11 à 13 ans ! Exploiter un verger, c’est avant tout vivre au rythme des arbres.

En Wallonie, il existe une association spécialisée dans les vergers haute-tige et la valorisation de leurs fruits : Diversifruits. Leur site est une mine d’informations !

Les projets de plantation de vergers haute-tige sont soutenus par PlantC.